Produire et consommer sa propre électricité, quelle qu’en soit l’origine (photovoltaïque, éolien, etc…) c’est le principe de l’autoconsommation. Aujourd’hui, il est désormais possible d’utiliser sa production pour autoconsommer à plusieurs. Incroyable non ?
En effet, l’autoconsommation devient collective lorsque la production d’énergie verte est partagée localement entre des producteurs et consommateurs.
Contrairement aux idées reçues, l’autoconsommation collective ne s’adresse pas uniquement aux collectivités. Un scénario simple serait un ou plusieurs particulier(s) qui partage(nt) leur(s) surplus d’électricité verte à leurs voisins. Ces derniers peuvent payer à prix réduit ou même se voir offrir cette énergie, producteurs et consommateurs sont donc gagnants. Cependant, le principe ne se limite pas seulement aux particuliers. De nombreux cas de figures sont possibles et prouvent le potentiel du système.
Toutefois, ce nouveau système collectif soulève bien des questions au niveau de sa rentabilité, son coût, ses avantages et inconvénients.
Comment cela fonctionne-t-il ?
Que vous soyez une entreprise ou un particulier, grâce à une installation photovoltaïque, vous produisez de l’énergie dite verte (contrairement à l’énergie grise produite par la combustion d’énergies fossiles) pour votre propre consommation. Selon certains facteurs, tels que les saisons ou le taux d’ensoleillement, vous pouvez produire plus d’électricité que ce dont vous avez besoin ou, au contraire, avoir besoin de vous fournir auprès du réseau pour combler un manque. Dans le cas d’un surplus de production, l’électricité excédentaire est réinjectée dans le réseau électrique. Pour chaque kWh injecté, votre fournisseur d’énergie est tenu de vous verser une certaine somme d’argent.
Cependant, plutôt que de revendre ce surplus au fournisseur, pourquoi ne pas en faire profiter vos voisins ?
C’est ici que le principe de collectivité fait sens : que vous soyez en surplus ou dans le besoin, vous pourrez partager ou recevoir de l’électricité à la fois verte et locale, créant ainsi une véritable communauté énergétique.
Différentes combinaisons deviennent donc possibles :
1. Un ménage qui produit plus qu’il n’en a besoin, pourra faire bénéficier ses voisins de son surplus ;
2. Un immeuble résidentiel ayant installé des panneaux sur son toit pourra répartir sa production parmi ses habitants pour les besoins communs ainsi que pour les consommations de chacun des ménages ;
3. L’association de plusieurs entreprises permettra de répartir leur production/consommation afin de minimaliser leurs frais lors des pics de production ;
4. Une grande toiture pourrait fournir en électricité des entreprises d’une zone industrielle, une église ou encore une borne de recharge pour véhicules électriques. En résumé, tout devient possible.
Passer à l’autoconsommation collective peut contribuer à réaliser des économies importantes sur la facture énergétique.
Cependant, il y a quelques critères à vérifier avant d’entamer toute démarche :
- Combien devrez-vous investir au départ pour votre installation ?
- À quel prix sera revendu le surplus éventuellement produit en autoconsommation ?
- Quel serait le taux d’autoconsommation (la part d’énergie produite qui alimente votre logement par rapport à l’énergie provenant du réseau national) ?
- Évidemment, plus le taux d'autoconsommation est important, plus vous aurez intérêt à ce que la consommation et la production soient alignées pour que le projet soit rentable.
Que dit la Loi ?
Les acteurs belges et européens se sont mis autour de la table pour rendre ce projet possible. En effet, ce dispositif innovant requiert des compétences techniques et juridiques nouvelles. En Belgique, une dérogation a été obtenue et publiée dans l’ordonnance modificatrice du 23 juillet 2018 à l'organisation du marché de l'électricité en Région de Bruxelles-Capitale.
À ce jour, la Région de Bruxelles-Capitale porte un réel intérêt pour ce nouveau marché qui s’annonce fleurissant. Des projets pilotes se mettent en place mais malheureusement ces projets ne sont pas encore fonctionnels.
Dans le Sud, le Gouvernement Wallon a adopté en première lecture l’avant-projet d’arrêté présentant l’instauration d’un cadre décrétale favorisant l’autoconsommation collective d’électricité. Cependant, le cadre législatif est toujours en discussion.
Selon l’article 89 de l’ordonnance citée précédemment, l'opération d'autoconsommation est collective lorsque la fourniture d'électricité est effectuée entre un ou plusieurs producteurs et un ou plusieurs consommateurs finals liés entre eux au sein d'une personne morale et dont les points de soutirage et d'injection sont situés en aval d'un même poste public de transformation d'électricité de moyenne et basse tension.
Selon l’article 90 de la même ordonnance, Brugel a la possibilité d'adopter, pour une durée limitée dans le temps, des règles de marché et des règles tarifaires spécifiques pour des zones géographiques ou électriques délimitées. Ces zones sont développées spécifiquement par la réalisation de projets pilotes innovants et en particulier pour le développement de solution à la problématique de connexion des productions décentralisées par rapport aux réseaux de distribution.
En résumé,
Lorsque les différentes régions donneront leur feu vert tous les producteurs pourront se lancer dans un projet d’autoconsommation collective à condition de se regrouper autour d’une personne morale avec les consommateurs qu’ils fourniront.
À ce jour, l’autoconsommation connaît une croissance positive en Belgique. Particuliers, entreprises et institutions publiques se dirigent doucement vers l’énergie verte que ce soit en temps que producteur ou consommateur. Par conséquent, le développement du principe de collectivité a toutes ses chances de voir le jour.
Des modèles d’autoconsommation collectives varient d’un pays à un autre suivant sa législation notamment en France et en Allemagne où le concept commence à faire ses preuves.
Sources :
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